Ultime épisode de cette trilogie Shaka Ponk. C’est en noir et blanc que je vous invite cette fois à découvrir ou revivre cet exceptionnel spectacle que nous offrent les Monkeys sur cette tournée 2018. Le 31 mars dernier, le groupe enflammait le Zénith de Dijon, retour sur cette étonnante soirée…
Un étrange accueil
Que ce soit de par mon activité de photographe professionnel ou en tant que spectateur passionné, j’ai participé à de très nombreux concerts. Dans les années fastes, j’ai vu jusqu’à plus de 200 groupes sur scène par an. Depuis, j’ai nettement ralenti cette activité pour de multiples raisons, personnelles et professionnelles. Il faut dire que, lorsqu’on accorde autant de rigueur et d’exigence à son travail, celui-ci devient vite chronophage. Les questions financières et le manque de reconnaissance ont fini par avoir raison d’une part de ma passion.
Plus jeune, j’ai aussi organisé des concerts, des festivals, géré des cafés-concerts, été conseiller d’administration de structures culturelles. Depuis toutes ces années, j’ai vu bien des choses, soutenu ou encouragé certaines pratiques, combattu ou dénoncé d’autres dérives ou abus. Certains pensent que je suis une « grande gueule », mais je me suis toujours battu pour l’intérêt général, pas pour mon ego. Alors, qu’entends-je par un étrange accueil ? Simplement que le Zénith de Dijon, de par certains membres de sa sécurité, ne m’a pas toujours surprit de bonne manière. L’ouverture des portes et l’entrée dans la salle se sont bien passées dans l’ensemble, rien d’inhabituel. Ma première surprise fut de voir un agent de sécurité passer dans la foule, avant le concert, pour demander aux personnes qui attendaient assises de se lever. Je ne comprends pas l’intérêt, surtout près d’1h30 avant le début du concert.
J’ai pu ressentir aussi une certaine tension lorsque je me suis retrouvé dans le « pit ». Certains agents n’hésitaient pas à bousculer sans réelle raison les photographes en plein travail. Le geste peut parfois être involontaire, l’espace étant assez réduit, mais là, tout cela manquait clairement de bienveillance. C’est la première fois aussi qu’un agent me poussait le bras, sèchement, car j’ai eu le malheur de prendre un léger appui sur le bord de l’avancée de la scène en veillant bien de ne gêner personne. Le geste étant évidemment accompagné d’un regard des plus sombre, teinté d’un relatif mépris. Je passerai sur d’autres détails… Dans l’ensemble, la méthode me choque, d’autant que nous sommes censés être entre professionnels, au service du spectacle. Plusieurs personnes du public m’ont confirmé cette tension. Il est dommage d’oublier que les premières missions d’un service de sécurité restent l’accueil et la prévention, avec respect. Heureusement, toute l’équipe n’était pas à blâmer et il y a des structures où nous sommes tous très bien accueillis.
Une ambiance trop connectée
Respect et savoir-vivre, des maîtres mots permettant de jouir pleinement de l’instant présent, ensemble, et de le sublimer. Un concert de Shaka Ponk est toujours animé, plutôt sémillant et assez physique, pourtant, certains diront que « c’était mieux avant ». Pourquoi ? Le groupe s’est-il assagi, ses membres ont-ils vieillis, sa musique adoucie et plus arrondie sur les angles ? Je dois avouer qu’après ces trois dates sur cette tournée 2018, je ne peux que constater un certain changement. Cependant, celui-ci a commencé à s’opérer déjà sur la précédente tournée, en 2014/2015. Sur scène, pourtant, le spectacle a gagné en qualité, chaque Monkey développe toujours autant d’énergie, de passion, de folie. Le souci ne vient donc apparemment pas de Shaka Ponk, même s’il y a sans doute une part de « rançon du succès ».
Forcément, après deux « Victoires de la musique », le public a évolué, la famille s’est largement agrandie, pour le meilleur et pour le pire. Ça y est, je sens que je ne vais pas me faire que des amis, mais attendez… Je ne juge personne et ne ferai jamais partie de quelconques clans plus ou moins sectaires. Comme les Inconnus, j’ai du mal à faire la différence entre « un bon fan et un mauvais fan ». La question n’est pas là, je suis même heureux que ce groupe remporte un tel succès, que sa musique fédère autant. Le mal est plus sociétal. Nous vivons depuis peu une nouvelle révolution industrielle, l’ère du numérique et des réseaux « sociaux ». Tout va toujours plus vite, il faut être connecté tout le temps, partout. Je pense que nous avons définitivement du mal à suivre, à nous adapter et que nous nous faisons dévorer par toute cette technologie. Les comportements changent de façon radicale, on se donne l’impression de communiquer, mais on s’isole de plus en plus. La génération selfie… Depuis l’apparition des smartphones, il y a dix ans et leur généralisation à partir de 2012, l’esprit de la fête a semble-t-il pris un sacré coup. Celui du savoir-vivre, du respect et de la communion tout autant. Alors oui, quitte à faire mon vieux con, je suis bien tenté aussi de dire que c’était mieux avant !
Lorsque je vois Frah ramer comme jamais pour interpeller le public, je m’interroge. Il lui faut aujourd’hui bien plus d’efforts pour que les spectateurs comprennent qu’il ne prend la pose pour être pris en photo, mais veut simplement pouvoir rejoindre la scène, porté par les deux bras de chaque fan. Une option qui pourrait d’ailleurs lui éviter une mauvaise chute, par exemple. Il est aussi plus difficile d’applaudir d’une seule main, de se laisser emporter par la magie du spectacle le regard happé par l’écran du mobile. Les risques de perte ou de casse mais aussi les vols de téléphones ne semblent pas ralentir le phénomène. À deux reprises, Frah sensibilise sur le sujet, mais à chaque fois, nombre de spectateurs ont sorti leur mobile encore plus massivement le moment suivant. Lorsque le public n’écoute et ne respecte même pas l’artiste dont il se revendique fan, je m’interroge d’autant plus. Il est temps de se déconnecter, de ranger toute cette technologie qui vampirise le moindre instant de nos vies. Tout cela manque terriblement de folie et de sueur, de convivialité et d’altruisme. L’Histoire et l’Humanité se sont passées de ces machines pendant des millénaires, transmettant ses souvenirs avec le cœur. Il est temps de nous retrouver, tous ensemble, pour faire la fête et remercier dignement nos artistes pour ce qu’ils nous offrent. Alors, pour conclure sur ce point, je résumerai simplement les propos de Frah :
« La vie est un spectacle magnifique ! Vivez-la avec vos yeux, avec votre cœur, vivez chaque instant pleinement. Rangez vos mobiles, déconnectez-vous ! »
Et le concert alors ? Shaka Ponk Power !
Vous n’en avez pas marre de me lire ? Que pouvons-nous rajouter à tout ce qui a déjà été dit ou écrit sur Shaka Ponk et ses concerts ? Rien, si ce n’est : allez les voir sur scène, faites-vous plaisir, prenez une bonne gifle, retournez-y, encore et encore ! C’est sans aucun doute un des groupes les plus créatifs et dynamiques de sa génération. À noter quand même que j’ai retrouvé certains aspects de l’esprit Shaka Ponk d’avant 2012. Ça fait plaisir, par exemple, de revoir monter sur scène, sous l’invitation du groupe, quelques personnes du public. J’apprécie aussi le retour de cet appareil photo dont Frah se sert régulièrement pour filmer. Ce n’est pas grand-chose, mais ça rappelle à une certaine nostalgie et ça fait du bien. Shaka Ponk, au fond, est resté le même groupe ! Les Monkeys ont su faire, de cette étonnante soirée à Dijon, un évènement explosif, comme à chaque fois.
Pour cette date, j’ai choisi de vous présenter mon reportage en noir et blanc. L’envie m’avait déjà prise lors du concert à Lyon, j’ai fini par craquer. C’est un autre regard, cela apporte une profondeur propre au monochrome et laisse plus de liberté à votre imagination. J’espère que vous appréciez. Si vous souhaitez (re) découvrir mes photos en couleur de cette tournée, je vous invite à lire mes articles sur les concerts de Lyon et Marseille. Vous pouvez aussi retrouver mes reportages des tournées précédentes. C’est avec le plus grand plaisir que je retrouverai les Monkeys dans quelque temps. Je leur souhaite la plus belle des routes d’ici là.
Enfin, la première partie était assurée par Alb, comme sur l’ensemble des dates en Zénith et à Bercy. Si je n’avais pas été des plus réceptifs à Marseille, j’ai plus apprécié cette fois. Le duo a ses qualités, mais je dois avouer qu’il ne correspond pas forcément à mes attentes artistiques. Pour autant, l’intention est bien là et les deux compères défendent bien leur projet. Il serait sans doute bon que je revoie Alb dans une salle plus petite, à dimension plus humaine, plus intime. L’ambiance leur conviendrait bien mieux. Il y a eu un moment magique que Clément, chanteur et homme-orchestre, a su provoquer pendant ces trente minutes. Pour clore cet article sur une belle note, il me semblait important de parler de ce seul instant où l’usage de tous ces mobiles a pris du sens. Un peu comme à l’époque des slows langoureux où on se grillait les doigts avec son briquet, le Zénith s’est transformé en une féérie étoilée. La technologie n’a pas que du mauvais finalement, elle peut éviter de nous brûler les mains, à défaut des ailes…
Il me reste à remercier vivement tous les membres de Shaka Ponk, les Monkeys, les équipes de Zouave, Tôt ou Tard et du management. Je tiens aussi à saluer et féliciter l’énorme travail technique et la qualité de la création artistique portés par les intermittents. Je vous laisse partager cet article et ce reportage photographique. Vous pouvez vous déconnecter maintenant ! 😉
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Cat
Sublimes photos.. Merci à toi ! Je ne me lasse pas de les regarder ! Quelle justesse, quelle finesse, chaque ligne semble parfaite, quel plaisir !
J’ai lu ton article, et je partage la même opinion vis à vis des portables constamment à bout de bras. C’est d’une tristesse…
Et concernant la sécurité, j’ai cru que ce n’était qu’une mauvaise impression de ma part. Donc effectivement c’est ce qu’il me semblait, ils ne sont pas bien « commodes » les bonshommes. Et pour y être retourné ce mardi pour un autre concert, c’était pareil. Flicage de tous nos faits et gestes, limite pas respectueux du public autour.
En tout cas, nos Shaka ont assuré, c’était un régal de les revoir, de bouger avec eux, de danser, sauter, crier… ça fait tellement de bien de lâcher prise. Quelle bouffée de Vie !
Bonne continuation Zoz, encore merci et à une prochaine !
Cat.
[zOz]
Merci beaucoup pour tes mots, Cat, ainsi que pour le partage de tes impressions. 🙂
C’est vraiment dommage que l’intensité et le plaisir des concerts de Shaka Ponk, comme tant d’autres concerts ou beaux instants de vie, soient ainsi galvaudés. Fort heureusement, les artistes comme nos Monkeys assurent, mais je me souviens des concerts de 2010/2011, quelle gifle à chaque fois, quelle ambiance ! Il n’y a avait pas encore ces foutus smartphones…
Pour le reste, je suis de ton avis, ça fait du bien de tout lâcher dans des concerts comme ceux que Shaka Ponk nous offrent ! 🙂
Aux plaisirs.